Après notre premier article sur les bourses sportives en tennis chez les femmes, certains nous ont demandé un article sur le fonctionnement de ces aides dans le tennis masculin, voici un article qui renseignera nombreux joueurs et parents.
Pour bien comprendre le fonctionnement des bourses sportives au départ, il faut savoir que pour limiter le nombre de bourses sportives, la NCAA classe les différents sports en 2 catégories : les « head-count » et les « equivalency sports ».
Pour les sports dans la catégorie « head-count », la NCAA oblige les institutions à donner des bourses sportives à un nombre déterminé d’étudiants. Pour les« equivalency sports », c’est le montant total de l’aide qui est limité c’est à dire que le coach peut répartir le montant alloué à un plus grand nombre de joueurs ou d’athlètes.
Le tennis universitaire masculin, en NCAA Division 1 et NCAA division 2, est un sport « equivalency » et permet donc la distribution de 4,5 bourses alors que chez les femmes en division 2, la NCAA autorise 6 bourses. Comme les rencontres se jouent avec 6 simples et 3 doubles, les coaches accordent rarement des bourses sportives complètes à leurs recrues. Allouer les bourses sportives est un vrai casse tête pour les coaches des universités et représente un véritable challenge, comment font-ils ? Chacun a-t-il sa recette ?
Q: En tant que coach d’une équipe universitaire de tennis en NCAA 1, quelle est est votre stratégie pour la distribution de vos bourses sportives et surtout quel est l’impact sur votre recrutement ?
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David RODITI, head coach, Texas Christian University Men’s Tennis
Les choix de bourses d’études varient énormément, et surtout d’un joueur à l’autre. Certains ne pensent qu’à l’argent qui vont leur être donné et donc à la quantité et d’autres pensent plutôt à l’endroit où ils veulent aller et donc favorisent plutôt leurs critères personnels, soit la qualité.
La manière dont vous distribuez les bourses est assez difficile et surtout très critiquable. Il y a de nombreux aspects à prendre en compte. Ma stratégie est d’aller très tôt sur le sujet et de trouver un pourcentage qui peut convenir à l’athlète et à moi. C’est là une des grandes différences entre un coach d’une équipe hommes et un coach d’une équipe femmes.
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John WHITLINGER, head coach, Stanford University Men’s Tennis
La question des bourses sportives n’est pas facile. Le coût pour aller en université est très difficile pour de nombreuses familles. Nous devons travailler avec les familles et arriver à une situation qui sera bénéfique pour eux et bien entendu qui pourra l’être pour notre équipe.
Il est très difficile de donner des bourses complètes en raison des limites imposées par la NCAA. Nous devons être assez « créatifs » dans certaines situations mais heureusement, cela peut fonctionner.
De temps en temps, un joueur peut venir jouer car il a les ressources nécessaires pour couvrir ses frais de scolarité. Ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent à Stanford, mais lorsque cela arrive, c’est réellement d’une grande utilité. La seule chose que vous devez respecter c’est de rester dans la limite des 4,5 bourses, c’est le job!
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Peter SMITH, head coach, University of Southern California Men’s Tennis
Ma stratégie a toujours été de faire venir les meilleurs joueurs possibles avec la plus grande personnalité possible pour mon équipe. Le nombre de bourses n’est vraiment pas significatif. Le système de 4,5 bourses n’est pas juste car nous avons de nombreux freshman (étudiant de première année) qui signe avec un montant de bourse minimum et ils auraient pu rêver de mieux.
L’exemple classique est celui de Steve Johnson (Champion NCAA en simples en 2011 et 2012) qui a signé sa première année avec un montant très faible. Plus tard dans l’année, il a pu recevoir une plus grande aide mais à cette époque nous n’avions pas beaucoup d’argent disponible.
Vous savez, les coaches essaient d’être juste avec les moyens dont ils disposent mais cela est un vrai challenge. Les joueurs doivent gagner leurs bourses au travers de leurs notes, des efforts sur le court et un bon comportement en dehors. Cela est une bonne chose pour les joueurs, cela les oblige à rester concentrés. Vous espérez juste que les parents vous font assez confiance car vous êtes là pour eux.
USC n’est pas spécialement bon marché, et certains de nos étudiants ne peuvent simplement pas venir en raison de leurs ressources financières ou académiques, et donc mon bassin de joueurs n’est pas très grand. USC a beaucoup à offrir sportivement et académiquement et il est difficile de mettre un prix là-dessus.
Je dis aux parents continuellement que jouer au tennis, c’est faire des choix. Pas beaucoup d’enfants que nous avons recrutés à USC seraient entrés par leurs propres moyens, de sorte qu’en soi, nous leur offrons une énorme récompense. Le tennis est un billet en or pour de nombreux jeunes joueurs qui peuvent profiter des meilleurs infrastructures sportives et scolaires et ils doivent tirer profit de ce ticket gagnant !
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Brett MASI, head coach, University of San Diego Men’s Tennis
Dans un établissement privé avec des coûts élevés, il est très difficile d’avoir une stratégie de recrutement ou une formule gagnante pour le partage des bourses sportives. Nous devons vraiment explorer toutes les possibilités sous tous les angles, surtout en vérifiant ce que l’étudiant peut obtenir comme aide financière ou académique.
A la fin, les coaches donnent souvent les plus grandes bourses aux joueurs de leur line-up (liste type) car le coût est si élevé qu’il est difficile de trouver le bon joueur quelquefois. J’ai appris par expérience, qu’il faut demander très tôt aux possibles recrues ce qu’ils peuvent se permette et ne pas se permettre, cela pour faire gagner du temps et pour voir si nous pouvons tomber d’accord avec le joueur et sa famille. Cela ne sert à rien si personne est capable d’avancer un chiffre, cela ne peut pas fonctionner. J’ajouterai même que cela peut devenir très frustrant pour les deux parties si le joueur veut vraiment venir et si nous le voulons vraiment, il faut jouer carte sur table !
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Manuel DIAZ, head coach, University of Georgia Men’s Tennis
La limite des 4,5 bourses – ou comment distribuer ce montant – est simplement la plus grosse partie du challenge de coach pour moi. C’est un perpétuel casse tête car certaines années, nous avons seulement un joueur qui termine ses études et d’autres années où il y en a 3. Alors les bourses disponibles changent d’une année à l’autre et c’est souvent moins que ce que l’on aimerait.
Plusieurs fois, nous devons « éduquer » les parents et les athlètes sur l’aide que nous avons de disponible, ils ne se rendent pas bien compte. Certaines années, nous ne sommes pas en mesure de répondre aux demandes de la possible recrue car il a besoin d’un certain montant que nous n’avons pas. C’est alors très frustrant pour moi de perdre un joueur que je voulais, et surtout le perdre car je n’ai pas le montant suffisant pour l’aider.
Ma stratégie est d’essayer de faire correspondre les ressources de la famille et le montant que j’ai de disponible pour un tel joueur afin que le montant que je dispose ne soit pas un problème dans sa décision. Ce n’est pas toujours facile à faire, mais je veux que le joueur se prononce sur son choix et son envie de venir dans mon université et qu’il adhère à mon programme. Nous essayons de transmettre cette philosophie et ces attentes en espérant qu’il trouve ce qu’il recherche.
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Bobby BAYLISS, head coach, University of Notre Dame Men’s Tennis
Gérer l’argent des bourses sportives dans le tennis universitaire chez les hommes est l’un des aspects les plus importants et difficiles du coaching. Pour ma part, je regarde cette question sous plusieurs angles :
Personnalité : très souvent, j’arrive à sentir la personnalité du joueur – ou des parents – et cela correspond souvent à ce que l’athlète pense pouvoir obtenir comme bourse sportive. Une de mes plus grandes histoires de coaching, je me souviens était celle du N°1 junior Al Palker de l’université de Georgie. Mr Parker (son père) approcha le coach de l’époque, Dan Magill, et lui annonça que sa famille n’était pas en difficulté financière et qu’il pouvait subvenir au coût de l’éducation de Al, cet homme était en train d’offrir la chance à un autre joueur prometteur de pouvoir rejoindre l’université de Georgie car Al ne prenait pas de bourse. En conséquence, le niveau de l’équipe s’est trouvé plus élevé de sorte que les entrainements de Al étaient plus durs et de meilleur niveau. C’était du gagnant-gagnant! Très souvent étudier la personnalité d’un parent ou d’un joueur est source d’une décision prudente.
Equité : J’ai appris par expérience que le montant des bourses doit être examiné. Bien que je ne discute jamais des montants avec les joueurs dans l’équipe, il arrive que certains joueurs aient la sensation qu’un de leurs coéquipiers ne travaillent pas assez et ne méritent pas ce que l’université leur donne. Il faut prendre le temps de voir tout le monde et de traiter les joueurs de manière juste.
Moral de l’équipe : cela se confond avec le thème de l’équité, des rancoeurs peuvent naître au sein de l’équipe sur la façon dont sont distribuées les bourses, il faut donc faire très attention aux dommages collatéraux.
Besoin : je me suis souvent plié en 4 pour qu’un joueur qui est dans le besoin puisse obtenir une grande aide sans pénaliser injustement les autres joueurs. Cela dit, j’ai appris que la qualité de l’entraineur n’est pas de résoudre tous les problèmes sociaux.
Valeur marchande : c’est un terme qui est souvent attribué au sport professionnel, je le conçois, mais de nombreux parents veulent ressentir le fait que leur fils reçoive un package (bourse sportive) en rapport avec ce qu’a pu réaliser le joueur depuis qu’il joue au tennis. Malheureusement, il est difficile d’équilibrer cela avec le potentiel que le coach voit dans le joueur, c’est une source de conflit.
Tirer le maximum d’aide disponible : ceci est la part la plus critique du processus des bourses sportives. Quelquefois quand un coach va trop loin en essayant d’être juste, le niveau de l’équipe peut être affaibli par manque de talent, les coaches doivent être prudent sur ce point. Si une équipe a un joueur qui joue n°6 de l’équipe et qui détient une aide financière proche d’une bourse complète, il sera difficile d’avoir dans son équipe entre 5 et 7 bons joueurs qui devront se partager 3,5 bourses ! Ceci est particulièrement important même si les subventions importantes sont appréciées des jeunes joueurs, les dollars n’arrivent pas chaque année, et il faudra tourner comme cela et le recrutement peut s’avérer limité alors!
Décider de quel type de bourses offrir à un étudiant de première année peut être la plus importante des décisions q’un coach doit faire. Nous avons tous des histoires sur tel ou tel joueur que nous aurions pu recruter qui aurait fait la différence sur plusieurs années mais que nous n’avons pas pu faire venir en raison d’un manque d’argent disponible à ce moment là. Il n’y a pas de réponses justes à ce dilemme, mais chaque coach doit être capable pour son projet – sur 4 ans – de savoir quelles contributions il peut offrir à chaque prospect et ce que cela signifie pour l’équipe.
Il est important de prévoir car s’il arrive une réduction d’aide financière, cela peut engendrer une baisse du moral de l’équipe. Les équipes dont les bourses allouées sont constamment réduites ont un manque de confiance dans leur processus de recrutement. Chaque coach souhaiterait voir les montants augmentés des bourses d’études mais les problèmes financiers demeurent. Chacun d’entre nous doit être consciencieux dans l’attribution des bourses d’études.
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Voilà qui conclue cet article sur les bourses sportives dans le tennis universitaire masculin. Quelles conclusions en tirez-vous ? Si vous avez un avis ou des questions sur cet article, n’hésitez pas à échanger avec nous dans les commentaires ci-dessous. Merci !
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