Pour bien comprendre le fonctionnement au départ, il faut savoir que pour limiter le nombre de bourses sportives, la NCAA classe les différents sports en 2 catégories : les « head-count » et les « equivalency sports ».
Pour les sports dans la catégorie « head-count », la NCAA oblige les institutions à donner des bourses sportives à un nombre déterminé d’étudiants. Pour les « equivalency sports », c’est le moment total de l’aide qui est limité c’est à dire que le coach peut répartir le montant alloué à un plus grand nombre de joueurs ou d’athlètes.
Le tennis universitaire féminin en NCAA Division 1 est un sport « head-count » et permet donc à 8 joueuses maximum d’obtenir une bourse sportive complète. Cependant, avec 6 simples et 3 doubles dans chacune des rencontres, un nombre de 8 joueuses peut au final paraitre assez mince.
Le recrutement et l’attribution des bourses d’études apparait comme un challenge intéressant dans la carrière d’un coach d’université. Alors comment les coaches font-ils leur recrutement ?
Nous sommes allés les rencontrer et voici ce qu’ils nous ont répondus.
Question : En tant qu’entraineur d’une équipe universitaire de tennis (NCAA 1), comment planifiez vous l’attribution des bourses sportives ? Quelle est votre stratégie et comment cela influence-t-il votre recrutement ?
Paul Thomson, head coach, Drake Women’s Tennis
Chaque entraîneur a sa propre stratégie et chaque équipe a des besoins et des ressources différentes. Depuis que mon programme n’est plus complètement financé, je fais très attention aux joueuses que je recrute et auxquelles je fais des offres de bourses. En contrepartie, Drake University offre de superbes bourses académiques au mérite et cela peut compenser la différence avec une bourse sportive partielle. Toutefois, pour certains entraineurs, cette caractéristique peut limiter leur bassin de recrutement en raison des exigences académiques importantes pour obtenir ces bourses de mérite scolaire. Mon recrutement commence donc avec des étudiantes intéressées par les études et je suis tout à fait à l’aise avec cela.
Comme vous le soulignez, le recrutement dans le tennis universitaire féminin est différent de celui des hommes car il y a plus de bourses, plus d’argent et surtout moins de joueuses. L’autre grande différence est dans l’évolution des joueurs. Quand une jeune fille de 17-19 ans vient sur le campus en première année, elle arrive quasiment développée physiquement. Le coach peut améliorer son niveau général et sa confiance et la rendre un petit peu plus forte mais d’un point de vue physique son développement est terminé. Par conséquence, les joueuses ne se développeront pas autant qu’un joueur masculin de 17-19 ans au cours de ces quatre années.
On observe, de manière générale, que les garçons lorsqu’ils sont recrutés viennent pour jouer n°4 ou n°5 dans l’équipe en première année, tout en conservant à l’esprit que ce garçon est encore en pleine croissance et va progresser physiquement durant ces 4 années. J’ai été l’un des ces joueurs, j’ai grandi de 8 centimètres et pris 9 kg à l’université. C’est pour cette raison que le tennis universitaire masculin a une plus grande marge de progression. Un joueur recruté pour jouer n°4 ou 5 peut finir n°2 ou 1 dans sa dernière année universitaire en se basant sur son développement physique pendant cette période.
Pour cette raison, je vais rarement recruter une fille pour jouer n°4 ou n°5 de mon équipe, j’essaye de recruter par le haut. Il est très peu probable que je fasse signer une fille qui jouerait n°6 de mon équipe en première année. Au lieu de cela, je vais focaliser mon recrutement sur mon Top 3. Cela me desservirai si je recrutais une fille avec un niveau de n°6 sachant très bien que j’aurai des joueuses qui vont graduées et qui se retrouveront sensiblement n°7 ou 8 l’année d’après.
L’autre domaine dans lequel je passe beaucoup de temps est la cohésion d’équipe. Je préfère de loin avoir 6 ou 7 joueuses solides qui s’entendent bien et qui vont se battre sur le court et à l’entrainement pour continuer à se former et participer aux succès de ses coéquipières plutôt que d’avoir 6 ou 7 joueuses uniquement américaines qui seront trop égoïstes pour s’entendre et seront uniquement là pour leur propre personne. Ce serait un cauchemar pour moi.
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Ronni Bernstein, head coach, Michigan Women’s Tennis
La stratégie de mon recrutement est de trouver la meilleure solution pour notre programme tennis, à la fois sur et en dehors du terrain. Chaque année, nous procédons différemment en fonction des joueuses que nous perdons dans l’équipe. Idéalement, nous aimerions distribuer deux nouvelles bourses chaque année, mais nous n’avons pas toujours cette possibilité.
Il est également difficile de planifier chaque cycle de recrutement, car le processus a évolué et s’est complètement accéléré ces dernières années. En fin de compte, nous sommes à la recherche de l’étudiant-athlète qui s’intéresse à notre université, qui veut s’améliorer, et jouer pour notre équipe de Michigan University.
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Andy Christodoulou, head coach, Siena Women’s Tennis
Plusieurs facteurs vont déterminer la taille de mon équipe. Certes, le financement et la disponibilité des bourses sportives est prépondérant mais le nombre idéal de joueuses l’est tout autant. En général, 8 joueuses est pour moi la configuration qui fonctionne le mieux pour les entrainements, les voyages, économiquement mais aussi dans le management de l’équipe.
Si l’équipe a des joueuses qui se blessent souvent, cela peut également être un signe pour le coach d’agrandir le nombre de joueuses dans l’équipe. Si les 8 bourses sportives sont prises, les nouvelles recrues ne pourront pas bénéficier de bourses sportives supplémentaires, c’est la règle.
Pour les programmes qui ne sont pas entièrement financés (qui n’ont pas 8 bourses sportives disponibles), d’autres stratégies sont à la disposition du coach comme le nombre de joueuses dans l’équipe, mais également la répartition des bourses sportives. Par exemple, est-ce que le coach va décider de diviser l’argent disponible entre les 8 joueuses et offrir des bourses partielles importantes à chacune ou privilégier les 3 ou 4 meilleures joueuses en leur offrant des bourses complètes au détriment des autres joueuses qui auront une aide bien plus faible. Chaque coach a une approche différente sur ce point. De plus, le coach peut récompenser les joueuses méritantes les années suivantes qui au départ n’ont pas eu de bourses sportives si de l’argent devient disponible.
En tant que coach de l’équipe féminine de Siena College, mon recrutement repose sur 3 principes concernant la joueuse peut importe si elle a une bourse sportive, si elle n’en dispose pas ou si elle vient d’une autre université : le caractère, le niveau académique et l’amour du jeu.
Une personne avec un bon caractère apportera davantage à l’équipe que son niveau tennistique. Le niveau scolaire est la priorité numéro 1 à Siena College, nous sommes dans les 5 meilleurs universités dans le pays (NCAA 1) dans la réussite au diplôme des étudiant sportifs. Enfin, l’amour du jeu fait que l’étudiant voudra progresser chaque jour.
Au final, de nombreux futurs étudiants-sportifs et même les étudiants-sportifs déjà bénéficiaires d’une aide ne se rendent pas compte que les bourses sportives sont renouvelables chaque année sur la même base annuelle.
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Gregory Wyzkowski, head coach, Seton Hall Women’s Tennis
Nous avons de la chance à Seton Hall, notre programme est entièrement financé, nous pouvons donc offrir 8 bourses d’études complètes en tennis. Par contre si vous limitez votre équipe à 8 joueuses, les blessures peuvent vite être gênantes dans la gestion du groupe et nous avons déjà connu cela dans le passé.
D’un autre côté, il nous est arrivé de recruter des joueuses non boursières et cela a engendré d’autres problèmes. Comprenez bien que ces joueuses non-boursières doivent normalement ne pas avoir le même niveau que les joueuses boursieres, cependant si au fur et à mesure ces joueuses évoluent vite et rivalisent avec les joueuses blessées, il serait alors normal qu’elles demandent l’obtention d’une bourse et cela posera un problème de chiffre, il manquera de l’argent.
Choisir entre ces deux situations est difficile et je préfère opter pour le risque de blessures avec une liste de 8 joueuses seulement. Comme je suis responsable du recrutement, je cherche des étudiantes avec de bons résultats scolaires et un niveau tennis assez élevé également pour justifier la bourse complète que nous leur offrons.
Nous ne pouvons pas prédire l’avenir, mais au travers du processus de recrutement, nous utilisons le vécu de la joueuse pour estimer son niveau futur. Si une joueuse a toujours été dans le top de sa catégorie et qu’elle est compétitive, il y a de grandes chances qu’elle continue sa progression dans un avenir proche. Si une joueuse a souvent été blessé dans le passé, il y a également de grandes chances qu’elle connaisse le même sort à l’université.
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Claire Pollard, head coach, Northwestern Women’s Tennis
J’ai toujours pensé que d’avoir huit joueuses était important. Je préfère utiliser entièrement les 8 bourses d’études et travailler à améliorer la performance de ces joueuses plutôt que de laisser des bourses inutilisées. En même temps, vous prenez un engagement de 4 ans, de sorte que vous devez être sûr que chaque joueuse est un bon choix à long terme – et pas seulement pour une ou deux années. J’essaie d’équilibrer ces deux facteurs lorsque je prépare mes offres de bourses.
Je ne crois pas que l’on ait besoin de plus de 8 bourses d’études pour le tennis. Même avec des blessures, les maladies et la durée de la saison, on peut généralement aligner six joueuses. Le moyen idéal pour planifier son recrutement est d’offrir deux bourses par an – 2, 2, 2, 2. Mais des circonstances imprévisibles peuvent survenir et modifier la plus pertinente des programmations, de sorte qu’il n’est pas toujours possible de le faire. Il y a toujours une part d’incertitude qu’il faut arriver à gérer.
Personnellement, lorsque je fais une offre de bourse sportive, je la fais avec la ferme intention que c’est un engagement de quatre ans, et j’ai toujours essayer d’utiliser l’ensemble de mes 8 bourses.
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David Mullins, head coach, Oklahoma Women’s Tennis
Un grand nombre de programmes tennis destinés aux femmes optent pour offrir à plus de 8 joueuses des bourses d’études en raison des préoccupations américaines concernant l’accès à l’université aux femmes. Cependant, il est très difficile de trouver des joueuses qui veulent jouer sans bourse et surtout qui peuvent rivaliser et suivre le rythme des joueuses bénéficiant de bourses sportives, car il ya évidemment beaucoup plus de bourses disponibles du côté des femmes.
Je sais que beaucoup d’entraîneurs annoncent qu’ils sont à la recherche d’une joueuse pour remplir un rôle spécifique dans leur équipe, mais concrètement chaque coach recherche la meilleure joueuse qu’il puisse trouver. Les coaches veulent que les joueuses qui composent leur liste type contribuent à la culture de l’équipe, elle doivent montrer la voie, tant sur le plan sportif que dans le comportement.
Je cherche davantage des joueuses de simple qui vont étoffer ma liste de départ et ensuite je les aiderai à développer leurs qualités en double. Si jamais elles ont déjà une bonne compréhension de la manière de jouer en double, ce n’est que du bonus pour moi. Avoir une équipe de 8 n’a pas nécessairement d’impact sur le recrutement, car c’est la même chose pour toutes les universités, mais cela affecte notre gestion quotidienne pour que les joueuses ne se blessent pas. Nous passons énormément de temps dans la préparation physique pour la prévention des blessures.
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[notify_box font_size= »13px » style= »blue »]Si vous êtes une joueuse de tennis et que ce projet de tennis études en université américaine vous intéresse, vous pouvez prendre contact avec nous sur Facebook, Twitter, ou notre formulaire de contact, nous vous répondrons dans les plus brefs délais.[/notify_box]
Traduit de l’anglais (source) : Tennis Recruiting Network
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