Il existe des différences fondamentales entre le modèle du Sport U en France et aux USA. Ceux qui ont eu la chance de vivre sur un campus nord-américain pendant un échange de type Erasmus comprendront de quoi je parle. Le sport outre-atlantique revêt une importance capitale dans les cursus universitaires. Les futurs stars NBA ou NFL font leurs gammes au sein de leurs universités respectives, qui s’arrachent les talents US et internationaux au moment de leur choix. De nombreuses universités possèdent des filières performantes dans la formation de ces athlètes (au basket on peut citer North Carolina, Duke, University of Florida) et les raisons de ce succès sont à chercher du côté des structures, de la culture sportive et des moyens financiers dont disposent ces universités.
LES STRUCTURES
Le sport universitaire en France est géré la FFSU (Fédération Sportive du Sport Universitaire) et cette instance, financée en partie par l’État, a pour objet de « promouvoir et d’organiser la pratique de la compétition sportive amateur pour les étudiants des universités et élèves des établissements d’enseignement supérieur ». En terme d’organisation d’évènements sportifs axés sports co, les matchs sont organisés dans des salles municipales aux capacités d’accueil assez faibles. Le principal objectif des Bureaux des Sports (BDS) des Associations Sportives (AS) membres de la FFSU consiste alors à communiquer autour des matchs afin de faire venir un maximum de spectateurs. Le développement du sport universitaire en France dépend donc de la bonne coordination entre les comités régionaux universitaires (CRSU), les BDS et la volonté des étudiants de participer à la vie sportive de leurs écoles et universités respectives.
Le modèle américain est fondamentalement différent du modèle français. L’association phare du sport U aux USA est la NCAA (National Collegiate Athletic Association). La NCAA travaille en étroite collaboration avec les universités américaines notamment dans l’organisation des matchs car les universités US disposent d’infrastructures sportives ultra-développées (stades, salles, gymnases). Les matchs universitaires font partie intégrante du cursus et de la vie étudiante. La communication autour des événements sportifs est très efficace et l’accès aux matchs est payant. L’engouement pour les compétitions est très fort! Cheerleaders, staff technique, clubs de supporters… les moyens déployés pour ces compétitions dépassent l’entendement. Les plus grands stades du pays ont des capacités atteignant les 100 000 spectateurs (Ohio State, Michigan) et les médias nationaux sont très impliqués dans la réussite du modèle américain.
LES MOYENS FINANCIERS
En France, le financement provient majoritairement des ventes de licences, des subventions étatiques et des cotisations versées par les Associations Sportives (AS) des établissements membres. Les moyens paraissent donc assez limités et les évènements sportifs ne génèrent aucune recette. La NCAA, quant à elle jouit d’un budget hallucinant de 5,64 milliards de $ en 2008 provenant majoritairement des droits télé. Les matchs NCAA de football américain, basketball ou baseball sont retransmis dans plus de 50 pays et sont quasiment aussi populaires que les matchs professionnels aux USA. La différence de moyens financiers explique donc en partie la popularité exceptionnelle du sport universitaire aux USA.
LA CULTURE
Le sport universitaire américain est profondément ancré dans le quotidien des étudiants américains. Les infrastructures permettent un accès à une grande variété de sports individuels ou collectifs. Le sentiment d’appartenance à son université est une composante clé et de nombreux joueurs professionnels ont fait leur gamme dans des universités qui se sont battues pour les séduire et les convaincre de s’y inscrire. On peut ainsi nommer Michael Jordan (North Carolina), Patrick Ewing et Allen Iverson (Georgetown), Shaquille O’neal (LSU) ou Dwyane Wade (Marquette) rien qu’au basket. Les futures starts NBA, NFL ou MLB ont ainsi majoritairement un vécu universitaire qui leur a permis de s’aguerrir physiquement. Certains cas exceptionnels tels que Kobe Bryant ou LeBron James n’ont jamais joué en NCAA mais avaient déjà les qualités requises pour intégrer la grande ligue. Les universités jouent donc un rôle clé dans la formation scolaire et sportive des athlètes et capitalisent ensuite sur leurs résultats NCAA pour attirer d’autres futurs grands joueurs.
C’est ici que le système français semble pêcher. La culture du sport U en France est peu développée et notre système de formation des meilleurs sportifs est centralisé dans des pôles de compétitivité comme l’INSEP. Néanmoins on peut relativiser ces constats par des différences fondamentales dans les cursus universitaires des deux pays. En effet, la quasi gratuité de l’inscription aux facs française contraste avec les frais de scolarité exorbitants demandés aux jeunes américains. Le chemin pour combler une partie du retard est encore long et on peut penser que la France aurait tout intérêt à s’inspirer du modèle US pour développer le sport universitaire via une meilleure visibilité dans la presse.
SOURCES
🌐 article : Article chez « La Polémique Sportive »
photo courtesy of : Tim Mossholder, Karolina Grabowksa, Football Wife, CJ Graglia